Grand Théâtre de Provence
le 18.VII.2007
De la maison des morts
Leoš Janáček (1854 - 1928)
créé le 12.IV.1930 au Théâtre National de Brno
Goriantchikov : Olaf Bär
Alyeya : Eric Stoklossa
Filka Morosov : Stefan Margita
Le grand prisonnier : Peter Straka
Le petit prisonnier : Vladimir Chmelo
Le commandant : Jiri Sulzenko
Le vieillard : Heinz Zednik
Skouratov : John Mark Ainsley
Tchekounov : Jan Galla
Le prisonnier ivre : Tomas Krejcirik
Le prisonnier cuisinier : Martin Barta
Le Pope : Vratislav Kriz
Le jeune prisonnier : Olivier Dumait
Une prostituée : Susannah Haberfeld
Le prisonnier Don Juan : Ales Jenis
Le prisonnier Kedril : Marian Pavlovic
Chapkine : Peter Hoare
Chichkov : Gerd Grochowski
Tcherevine : Andreas Conrad
Mahler Chamber Orchestra
Arnold Schönberg Chor (Erwin Ortner)
Direction musicale : Pierre Boulez
Mise en scène : Patrice Chéreau
Scénographie : Richard Peduzzi
Costumes : Caroline de Vivaise
Lumières : Bertrand Couderc
" Il y a en chacun de nous une étincelle "
Janáček au terme de sa vie la cherche dans un univers carcéral, sombre, cruel et exclusivement masculin, lui dont les portraits féminins (de Jenůfa à sa Petite renarde rusée, de Katia Kabanova à l'Affaire Makropoulos) auront ponctué sa création lyrique.
De la maison des morts est une oeuvre sur l'enfermement, sur la frustration et ce que n'oublie pas Patrice Chéreau sur le désir. Son travail (oublié le relatif échec de son Così fan tutte) est d'une grande lisibilité.
Et pourtant De la maison des morts n'est pas oeuvre facile. Janáček procède par collage, sa partition étant une succession de récits qui s'enchevêtrent.
Le discours musical est d'autre part plus rugueux que dans ses ouvrages précédents, plus abrupt, point d'apothéose finale comme dans Jenůfa ou Makropoulos.
Chéreau excelle dans la mise en place des mouvements de foule, il est on le sait brillant dans la pantomime (on se souvient de son Hamlet) et celle de la " Belle meunière " est des plus brillantes, il réussit de plus à faire exister chaque personnage, chaque individualité de cette oeuvre chorale.
Chéreau est un " passeur " de génie, son travail consiste à revisiter l'oeuvre sans jamais la trahir, à la rendre visible et lisible dans toute sa cohérence.
Il est aidé en cela par Richard Peduzzi qui s'est fait un spécialiste des "boîtes magiques ", (on se souvient de son Lucio Silla pour la Monnaie de Bruxelles, de son décor " à plat" pour le Hamlet de Shakespeare au Festival d'Avignon).
Son décor, ici constitué de murs de bétons mobiles aux déplacements imperceptibles, permet l' enchaînement cohérent des récits.
Le Mahler Chamber Orchestra et le Arnold Shönberg Chor sont exceptionnels.
Pierre Boulez du haut de ses 82 printemps livre une lecture limpide et inspirée.
La distribution répond à toutes les attentes. Citons le noble Goriantchikov d'Olaf Bär, Éric Stoklossa fragile Alyeya, Stefan Margita puissant Morosov, John Mark Ainsley poignant Skouratov sans oublier le vieux prisonnier de Heinz Zednik (Mime et Loge dans le Ring de Chéreau-Boulez à Bayreuth).
Le spectacle terminé certaines images hantent déjà le spectateur comme cet amas de détritus qui tombent des cintres à la fin de l'acte I, ou cet aigle que les prisonniers construisent et qui prendra son envol (tout symbolique) à la fin de l'ouvrage.
Patrice Chéreau et Pierre Boulez n'avaient plus travaillé ensemble depuis leur Lulu parisienne.
Retrouvailles au sommet de deux géants (comme jadis Strehler et Abbado).
Pour un dernier salut, ils avancent côte à côte, toute l'admiration, le respect que les deux hommes se portent l'un à l'autre sont palpables.
L'émotion d'une salle sous le choc l'est tout autant.
Deux géants, vous dis-je !
Entretien Chéreau - Boulez
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1 commentaire:
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