Renata Scotto alors âgée de dix-huit ans fait ses débuts officiels* en octobre 1953 au Teatro Nuovo - Milano dans " La Traviata ". Deux ans plus tard Maria Callas incarne au Teatro alla Scala, une Violetta légendaire sous la direction de Carlo Maria Giulini. Maria Callas est alors au sommet de sa carrière, Renata Scotto une jeune soprano lirico-leggero, récente lauréate du concours As.Li.Co (1953 avec la scène finale du 1er acte de " La Traviata ") dont la Violetta Valery impressionne par sa maturité.
Elle enregistre en 1962 pour la firme allemande D.G sa première Violetta sous la direction d'Antonino Votto.
Elle est en Italie en ce début des années soixante une Violetta réputée ce qui n'empêche pas le Teatro alla Scala de lui refuser en 1963 une ouverture de saison pour une " Traviata " que devait diriger le fidèle Gianandrea Gavazzeni.
Herbert von Karajan impose dans une production désastreuse une malheureuse Mirella Freni remplacée après quelques représentations par Anna Moffo. Vingt ans plus tard, elle retrouve " sa " Violetta pour les micros d'EMI sous la direction de Riccardo Muti et c'est presque trente années qui séparent cet enregistrement de ses débuts milanais.
Pour Renata Scotto le choix est difficile entre la version Votto et la version Muti.
Chez Votto, elle est saisie dans son intégrité vocale. Sa Violetta est un modèle du genre, rarement égalée, comme le sera sa Gilda dans le Rigoletto de Rafael Kubelik (D.G 1963). Il est question dans les deux cas d'un juste retour vers un soprano " lirico " pour ces rôles souvent dévolus à cette époque et encore aujourd'hui à un soprano " leggero coloratura ".
Chez Muti la chanteuse accuse une certaine fatigue, un déclin tout relatif. L'usure vocale est présente, mais laisse place à un sens dramatique bien plus développé. Totalement investie, sans affectation, sa Violetta s'impose en référence incontournable.
À ses côtés, Alfredo Kraus; celui qui fut son partenaire dans les années cinquante (et celui de Maria Callas à Lisbonne en 1958), et qui lui conseilla Mercedes Llopart comme professeur, est un Alfredo de grande classe. D'une rare élégance, il s'impose comme un des meilleurs Alfredo de la discographie.
Renato Bruson lui aussi grandi à l'école belcantiste est un Giorgio Germont plein d'autorité. Son " Pura siccome un angelo ", son " Di Provenza..." sont d'une rare splendeur. Certes les extrêmes de la voix ont toujours " graillonné ", mais l'on s'incline devant tant de noblesse et de maîtrise.
Sarah Walker, Roderick Kennedy, Richard Van Allan, habitués du Covent Garden et de l'E.N.O complètent la distribution de fort belle manière.
Nous retrouvons en domestique de Flora Bervoix, pour un fugace " La cena è pronta " un certain Giuseppe di Stefano ! (non crédité).
Le Philharmonia Orchestra et l'Ambrosian Opera Chorus sous la direction vive et acérée de Riccardo Muti sonnent admirablement.
Il nous semble redécouvrir la partition tant elle est débarrassée de toutes ses scories. D'une immense rigueur, Riccardo Muti livre une version philologique qui s'oppose et s'impose face à la version dite " traditionnelle " d'Antonino Votto.
Il est en revanche difficile de trancher en ce qui concerne Renata Scotto tant les deux interprétations sont complémentaires...
*Renata Scotto débuta en 1953 dans sa ville natale de Savona (Teatro Chiabrera) dans " La Traviata ", pour une unique représentation que l'on peut considérer comme une générale à ses débuts milanais.
À propos de Renata Scotto : " Perchè sono Renata Scotto " d'Umberto Bonafini éd. Mantova 1976.
Giuseppe Verdi (1813 - 1901)
La Traviata créée le 6.III.1853 au Teatro La Fenice Venezia
Violetta Valery, Renata Scotto; Alfredo Germont, Alfredo Kraus; Giorgio Germont, Renato Bruson; Flora Bervoix, Sarah Walker; Annina, Cynthia Buchan; Il Barone Douphol, Henry Newman; Il Marchese d'Obigny, Richard Van Allan; Il dottore Grenvil, Roderick Kennedy; Gastone de Letorières, Suso Mariategui; Giuseppe, Max-René Cosotti; Un commissionario, Christopher Keyte.
Ambosian Opera Chorus (John Mac Carthy)
Philharmonia Orchestra
Riccardo Muti
1982
2 CD - EMI
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2 commentaires:
Moi aussi, je préfère la version Muti-Scotto de cet opéra sublime... et c'est une orpheline callasienne qui le dit !
bonjour,
je possède la version Muti mais j'ai une version en coffret très différente, pas dans le contenu je crois, mais dans sa présentation :
c'est tout d'abord un coffret (en dur comme un coffret 33t)japonais, dans lequel on trouve un livret (bilingue) et des cd chacun dans leur boîtier.
le nombre de cd est non pas de deux mais de 3.
il semblerait que cette version cd soit de la même époque que son enregistrement (effectué directement en numérique).
si quelqu'un en sait plus sur cet enregistrement via des revues classiques parues à cette période...
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