mardi 26 juin 2007

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Gioachino Rossini
La Cenerentola
créée au Teatro Valle à Rome le 25.1.1817
Teatro alla Scala
21.07.05
Don Magnifico : Simone Alaimo
Dandini : Alessandro Corbelli
Don Ramiro : Juan Diego Florez
Alidoro : Michele Pertusi
Angelina : Sonia Ganassi
Clorinda : Carla di Censo
Tisbe : Larissa Schmidt
Direction musicale : Bruno Campanella
Chef de Choeur : Bruno Casoni
Mise en scène, Décors et Costumes : Jean-Pierre Ponnelle
Réalisation : Sonja Frisell

C'est avec la reprise de la production de Jean-Pierre Ponnelle que s'est achevée la saison 2004-2005 du Piermarini.
Entrée au répertoire du Teatro alla Scala en 1973 (créée à San Francisco en 1969 puis reprise au Maggio Musicale Fiorentino et à Edimburgh en 1971, représentations qu'immortalisera un enregistrement DG aujourd'hui encore considéré comme une référence), cette production marquait une deuxième étape (après Il Barbiere di Siviglia à Salzburg en 1968) dans la collaboration entre Claudio Abbado pour la direction musicale, Alberto Zedda pour l'édition critique et Jean-Pierre Ponnelle pour la mise en scène, les décors et les costumes.
Elle marqua également les grands débuts de Lucia Valentini Terrani alors inconnue et remplaçant une Teresa Berganza souffrante.
Nouvelle reprise réalisée par la fidèle Sonja Frisell qui permet, s'il en était encore besoin, de constater à quel point le travail de Jean-Pierre Ponnelle, subtil et intelligent semble définitif (on peut parler de " classique ") et dans quelle mesure d'autres y ont puisé et emprunté.
Équilibre également, pour une oeuvre qui hésite entre opera buffa et dramma serio, et qui ne choisit jamais entre poésie et ironie, farce et fable morale.
A la tête des forces de la Scala, on pouvait attendre tempi plus vifs de la part de Bruno Campanella, mais le métier est consommé et la maîtrise d'exception.
Une lecture sage, mais qui n'en est pas moins juste.
L'Orchestre et le Choeur (dirigé par Bruno Casoni), sont sans équivalent dans ce répertoire.
Dynamique, style, splendeur des cordes et des interventions solistes pour l'Orchestre, homogénéité et disponibilité scénique pour les 21 choristes d'autre part.
Dans un rôle souvent sous-distribué, Michele Pertusi apporte noblesse, charisme, autorité et élégance pour un Alidoro plus philosophe que magicien.
Simone Alaimo pour sa part impose un Don Magnifico plus méchant qu'à l'accoutumée, veule à souhait, drôle sans jamais être vulgaire.
Très en voix, Alaimo connait " son Rossini " et l'on entend le Basilio, l'Alidoro qu'il fut, tant l'autorité vocale est grande.

Alessandro Corbelli nous offre un Dandini plus poétique, plus sincère également que ne le sont les Dandini habituellement, un " cameriere " qui se prend au jeu, et qui à l'inverse d'Angelina retrouvera ses habits de serviteur à la fin de l'ouvrage.
Quasiment lunaire, Alessandro Corbelli n'en est pas moins drôle, très drôle (quelle entrée !), et lui aussi d'une incroyable autorité vocale, comme en témoigne le duetto Magnifico-Dandini " Un segreto d'importanza...", (le duo de la chaise pourrait-on dire) où Corbelli déploie, tout comme Alaimo, un sillabato étourdissant.

Juan Diego Florez qui succède dans cette production à son illustre aîné (Luigi Alva Péruvien comme lui), nous offre une interprétation admirable.
Superbe duetto " Un soave non so che...", vocalisation impressionnante, aigu insolent, extraordinaire " Principe più non sei...".
Tour à tour autoritaire, amoureux et séduisant, Florez, est aujourd'hui un équilibre parfait entre Luigi Alva et Rockwell Blake, le charme et l'intelligence scénique du premier, la vocalisation et l'aigu triomphant du second. Superbe.

Carla di Censo et Larissa Schmidt sont Clorinda et Tisbe, " due sorellastre " fort bien caractérisées, vocalement impeccables toutes deux, elles permettent la bonne tenue des ensembles.
Sonia Ganassi (véritable contraltino) endosse pour sa part les habits d'Angelina.
Bien plus en forme que le soir de la première, elle campe une Angelina à la fois sensible et volontaire.
La voix s'épanouit pleinement dans le cantabile, même si le registre grave est quelquefois trop appuyé, ce qui nuit à l'homogénéité des registres.
Moins à l'aise dans la vocalisation que ses partenaires, elle lance néanmoins son " Nacqui all'affanno..." avec beaucoup d'autorité et d'intelligence.
La chanteuse l'emporte par sa sincérité et sa générosité.
Immense succès pour tous les chanteurs et pour Bruno Campanella, devant un public nombreux, attentif et enthousiaste.

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